Belarus

Article paru dans le genevois du 28 août 2009
 
Biélorussie ou République du Belarus? La dénomination officielle onusienne en français proposée par le gouvernement biélorusse lui-même est République de Bélarus, et non pas Biélorussie comme le recommandent diverses instances francophones (dont l’Académie française). Cet ex-république de l’URSS (République Socialiste Soviétique de Biélorussie, abrégé en RSSB), avait, tout comme l’Ukraine, une place à part parmi les quinze républiques de l’URSS: la RSSB était dotée de sa propre Constitution, de son drapeau, de son hymne et elle avait même son siège à l’ONU en tant que membre fondateur.

 

Suite aux évènements qui ont mené à la désintégration de l’URSS, la Biélorussie proclame son indépendance le 27 juillet 1990 et Stanislaw Chouchkievitch est élu chef de l’État. La Biélorussie présente le 12 mars 1993 sa candidature au Conseil de l’Europe, mais n’obtient qu’un statut d’invité spécial, statut qui sera d’ailleurs suspendu en janvier 1997 en raison de son nonrespect des Droits de l’Homme et des principes démocratiques. À ce jour, le pays est le seul État européen à ne pas faire partie du Conseil.En 1994 Alexandre Grigoriévitch Loukachenko est élu président de la République, après avoir fait destituer son prédécesseur sous l’accusation de corruption. Il dote le pays d’une nouvelle Constitution, appuie sa politique sur la nostalgie du communisme et sur un régime fort. En 1997, un traité est signé avec la Russie (qui prévoit, entre autres, l’abolition de la frontière douanière entre les deux pays). A. Loukachenko est réélu (avec un score soviétique!) en 2001, puis en 2006, malgré une opposition grandissante inspirée par la Révolution orange ukrainienne. La régularité du déroulement de cette dernière élection est contestée par le Conseil de l’Europe et par l‘OSCE. La Biélorussie est désignée par ces instances comme la «dernière dictature d’Europe ». Finalement, les Etats-Unis et Bruxelles interdiront à Loukachenko et un certain nombre d’officiels biélorusses de visiter les Etats-Unis et l’Union européenne. Cependant, après des années de relations glaciales avec Minsk, Bruxelles à récemment commencé à assouplir sa position au vu de la discrète, mais mesurable relâche du contrôle politique. En 2008 Loukachenko a décidé de libérer les prisonniers politiques du pays, en conséquence de quoi, Bruxelles à levé l’interdiction de déplacement fait à A. Loukachenko et à d’autres hauts fonctionnaires.
Cependant, suite à la manifestation (interdite par le pouvoir) commémorant les 20 ans de l’accident de Tchernobyl, le gouvernement à fait emprisonner les principaux leaders de l’opposition, les accusant notamment de hooliganisme! Malgré ces quelques signes d’ouverture, il faut bien constater que 20 ans après l’indépendance, rien n’a fondamentalement changé pour le citoyen biélorusse ordinaire: seulement 5% des terres agricoles se trouvent en mains privées. Les kolkhozes assurent toujours l’essentiel de la production agricole. Formellement transformées en SA, ces kolkhozes font vivre la grande majorité de la population rurale et permettent à l’Etat d’encadrer socialement et politiquement cette partie de la population. Les citoyens qui veulent monter leur propre affaire peuvent obtenir une licence d’entrepreneur libre. Cependant, depuis 1996, les tracasseries du pouvoir n’ont pas cessé de rendre leurs affaires plus difficiles. En effet, le régime considère que les entrepreneurs libres pourraient devenir de dangereux opposants, surtout s’il leur prenait l’idée de s’organiser en association!

Le régime peut se permettre de museler les initiatives individuelles, car la très relative prospérité du pays repose sur trois piliers: le transit et le raffinage du pétrole russe (payé au prix du marché intérieur), la métallurgie et la production d’engrais et de produits chimiques (fournis par des sociétés unitaires). En outre, près d’un quart du PIB du pays est représenté par des cadeaux directs de la Russie. Voilà tout le secret du «miracle économique» biélorusse. Les privatisations ont été une vaste farce car l’État est resté actionnaire ultra majoritaire des entreprises «privatisées ». En outre, d’autres grandes entreprises restent propriété de l’Etat sous le nom de «sociétés unitaires». Ceci s’explique par le fait que «la dernière dictature d’Europe» est aussi totalement fermée au capital étranger, suite au gel des relations entre Minsk, Bruxelles et Washington. L’État contrôle par exemple plus de 95% du secteur bancaire. Le pays est également fermé aux oligarques russes, dont le régime se méfie beaucoup. En Biélorussie, il n’y a qu’un seul oligarque: le président A. Loukachenko. De cette façon, il n’y a pas, comme en Russie, de contre-pouvoir basé sur le capital qui pourrait s’organiser. Sur ce point, le régime biélorusse n’a pas commis la même erreur que Boris Nikolaevitch Eltsine.

En 20 ans de pouvoir, les nouveaux dirigeants de ce pays n’ont pas réussi ou voulu faire évoluer une situation politique et économique, car ils se sont appuyés sur les largesses économiques de la Russie et ont réussi à en museler toute forme d’opposition chaque fois que c’était nécessaire.

 

n avril 1986 le pays est touché par la catastrophe de Tchernobyl. Environ 70% des retombées radioactives de la centrale ukrainienne arrosent le pays. Plus de deux millions d’habitants vivent dans des zones contaminées. Ces dernières ne seront pas évacuées et ne recevront peu ou pas d’information.

Norberto Birchler,
Candidat à l’élection d’octobre 2009 au Grand-Conseil

 

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